La méthode de la langue maternelle a été fondée dans les années 30 au Japon. Shinichi Suzuki violoniste, philosophe, professeur et humaniste japonais est l’auteur de l’ensemble du système philosophique et pédagogique qui porte son nom.
Né à Nagoya au Japon en 1898, Shinichi Suzuki est l’un des douze enfants du luthier Masakichi Suzuki. Il commence à étudier le violon à l’âge de 17 ans, après avoir entendu « l’Ave Maria » de Schubert. Il écoute des disques et essaie d’en reproduire les mélodies par ses propres moyens. Pour se perfectionner il part en Europe, et de 1920 à 1928 il étudie le violon avec Karl Klinger – violon solo de l’Orchestre philharmonique de Berlin. Au cours de ses études, il rencontre le célèbre physicien Albert Einstein (lui-même violoniste amateur) qui influencera profondément le développement de ses concepts et de son caractère humaniste.
De retour au Japon, en 1928, Suzuki s’intéresse de plus en plus à l’éducation des jeunes enfants. Il constate que les très jeunes enfants ont des capacités d’apprentissage extraordinaires et que ces capacités sont universelles. Il dit que :

” n’importe quel enfant est capable d’acquérir un talent extraordinaire, pour peu que l’on applique des méthodes correctes”

Shinichi commence à développer une méthode en appliquant à l’enseignement du violon les mécanismes d’apprentissage de la langue maternelle:

“.. J’eus une soudaine illumination: tous les enfants japonais parlent japonais! Cette constatation me fit l’effet d’une lumière qui brille dans les ténèbres. Vu que ces enfants parlent tous leur langue avec une telle aisance, et si couramment, il doit y avoir une raison, qui n’est autre que l’entrainement. En effet, tous les enfants, de quelque pays qu’ils soient, bénéficient d’une donnée éducative parfaite : leur langue maternelle. Pourquoi ne pas l’appliquer à d’autres facultés? Je me rendis compte que j’avais fait une découverte sensationnelle. Quand un enfant est ignorant en arithmétique, on a coutume de dire qu’il a une intelligence en dessous de la moyenne; et pourtant il s’exprime fort bien en japonais, langue difficile entre toutes, ou dans sa propre langue maternelle. A mon avis, l’intelligence des enfants n’est pas en dessous de la moyenne, c’est le système d’éducation qui présente des imperfections. Ses aptitudes ou son talent ne sont pas correctement développés, voila tout. Je m’étonne que personne ne l’ait jamais constaté ces derniers temps, alors que le fait s’est toujours vérifié dans l’histoire de l’humanité. “

Shinichi Suzuki déclare que la musique est un langage de l’amour, et non pas l’art pour quelques élus. Dans son livre « Vivre c’est aimer » il décrit sa philosophie et sa méthode de travail. Il souligne que dans l’éducation des jeunes enfants, la participation et l’engagement des parents jouent un rôle important, que les meilleurs résultats s’obtiennent non pas par les enfants qui sont jugés, récompensés ou punis, mais par ceux qui ont la possibilité d’apprendre la musique d’une manière naturelle (semblable à l’apprentissage de leur langue maternelle), imitant le jeu d’un parent ou d’un professeur préféré, dans une atmosphère remplie de confiance et d’amour. Selon Suzuki, chaque enfant peut apprendre à jouer d’un instrument, ce n’est pas réservé à celui qui est spécialement doué.
Après la guerre, en 1945 à Matsumoto, il a fondé le « Talent Education Research Institute » ( institut « l’Education du talent »), où des enfants apprennent à jouer du violon et peuvent développer d’autres compétences.
Shinichi Suzuki est mort en 1998, juste avant son centième anniversaire.